Journal de Bord Jeudi 17 Mai 2007

Publié le par yves Buffet

17 mai 2007,  Départ de Carthagène.

 

            Il est 10h30, nous larguons les amarres. Sans propulseur d’étrave, la manœuvre est difficile car il faut, pour sortir, que le bateau fasse un demi-tour sur lui même. Tout se passe bien, nous gagnons le large en ayant décidé de ne prendre du gasoil qu’à Gibraltar.

            Les prévisions météo nous étaient très favorables, le vent devait être au portant, sur toute la durée de l’étape. Il n’en est rien, c’est encore soit du vent dans le nez, soit pas de vent du tout. Notre fidèle coéquipier Yanmar 160 cv est mis à contribution.

            La mer est calme et peu agitée. Une fois ou deux, nous essayons de couper le moteur mais le vent a beaucoup de difficulté à  gonfler les voiles et la vitesse du bateau s’en ressent.

En contre partie, dès que nous marchons plus lentement, je met à l’eau les lignes de traine : une canne de chaque coté et deux lignes au milieu attachées à des sandows pour donner de l’élasticité au fil et éviter qu’un choc brutal ne casse la tresse.

Toutes ces précautions n’auront servi à rien : pas la moindre touche. Il y a par contre un phénomène bizarre au sondeur graphique du bateau. L’écho du fond passe parfois de quelques centaines de mètres à 4 ou 5 mètres. L’écran se remplit d’une multitude de traces rouges, et cela pendant plusieurs minutes. La seule explication plausible est que ce sont des bans de poissons. Si c’est le cas la mer est vraiment très habitée.

Je pense que mon matériel de pêche n’est pas adapté pour le grand  large. Je recommencerai car cela m’occupe entre les périodes de veille qui me sont attribuées.

Cette étape est plus confortable dans une mer plus douce, il y a aussi le fait que nous suivons la côte à une quinzaine de mile (rappel 1 mile = 1852 m). Il y a ainsi à l’horizon toujours le relief de l’Espagne à regarder. Nous avons eu la chance d’admirer par trois fois des dauphins.

Dans le premier groupe de 4 ou 5, ils se sont amusés devant l’étrave pendant quelques minutes. Au  second passage, leur groupe devait comporter une cinquantaine d’individus, ils sont passés devant l’étrave sans s’occuper de nous. Enfin la troisième rencontre a eu lieu de nuit, j’étais seul sur le pont, à trois mètres de moi, un dauphin a soufflé si fort que j’en ai sursauté. Ce sont des animaux magnifiques, dans la transparence de l’eau, on ne les voit pas bouger pourtant ils sont vifs et rapides. Très beau spectacle qui rompt la monotonie.

      Depuis le départ de Carthagène, je tiens  la surveillance selon un cycle de 6 heures qui se décale dans le temps.

Le 16 mai : 18 à 21 heures.

Le 17 mai : 3 à 6 heures, Midi à 15 heures, 21 heures à 24 heures. Pendant  mon dernier quart, le travail de veille a été très important. Les bateaux convergent ou sortent tous du détroit, il y a des lumières partout. Les navires de commerce utilisent des rails montants et descendants, nous restons dans la zone côtière, entre les rails et la terre. Dans cet intervalle se trouvaient des pêcheurs, un navire de croisière illuminé comme la tour Eiffel en période de fête et un bateau dans notre sillage à 1 mile à la même vitesse que nous.

Mes belles jumelles toutes neuves ont bien servies.

Au lit à minuit, ensuite à 2heures du matin tout l’équipage sur le pont en vue de l’accostage.

Les livres des instructions nautiques qui sont obligatoires à bord pour les zones de navigation dans lesquelles nous nous trouvons, montrent les plans des ports et les signaux lumineux que nous devons trouver pour atterrir. Dans la nuit noire, il n’y a rien qui ressemble à un feu qu’un autre feu, nous étions quatre à scruter les lumières de la ville pour rechercher les lumières vertes et rouges de l’entrée du port. Entrés dans une marina, nous trouvons une place de libre, première manœuvre, quand elle est terminée le gardien accourt pour nous faire changer, deuxième manœuvre. A  3 heures du matin nous sommes très contents d’avoir terminé notre amarrage. 
Gibraltar, la pointe sud de notre voyage, il faudra maintenant remonter l’atlantique...

 

Publié dans récit du voyage

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