Journal de Bord Samedi 19 Mai 2007

Publié le par yves Buffet

Samedi 19 mai Départ de Gibraltar.

            Le départ à 8 heures 30 a été très stressant. Nous étions amarrés dans le fond d’une panne d’un ponton sans grande place pour manœuvrer. Quand il a fallu sortir, nous avons été l’attraction de la marina. Il s’agissait de faire tourner le bateau sur la droite de 90°, comme on le fait avec une voiture quand la place manque, à coup de petites marches avant et de marches arrière. J’ai essayé une dizaine de fois : pas moyen, Raymond a pris le relai, il s’en est sorti après que nous ayons repoussé à de nombreuses reprises les bateaux voisins, d’où l’on voyait sortir des gens mal réveillés. L’attraction a bien durée une demi-heure. Maudit propulseur d’étrave en panne, c’est de sa faute, il était prévu pour effectuer sans problème ces demi tours sur place. Avant de partir nous devions faire le plein de gasoil, nouvelle manœuvre d’appontage, sans problème celle-ci, 570 litres de gasoil, à 9 heures et 30 minutes nous quittions la marina. La baie de Gibraltar est immense, bien protégée de la mer, c’est dans de très bonnes conditions que nous avons dû slalomer entre les très gros bateaux de toutes formes et de toutes nationalités pour atteindre le détroit. Je me représentais  Gibraltar comme la pointe la plus au sud de l’Espagne juste en face du Maroc. Ce n’est pas tout à fait cela, Gibraltar est un peu en retrait, côté méditerranée, de la partie la plus au sud de l’Europe et la ville Espagnole de Tarifa. Le détroit est organisé en deux canaux bien répertoriés sur les cartes pour la circulation maritime, la partie nord est utilisée par les navires qui vont vers l’ouest c’est à dire vers l’atlantique, la partie sud par les bateaux qui vont vers l’est. Pour les plaisanciers, les navires de commerce, les ferries, sont des véritables dangers compte tenu de leur vitesse par rapport à la nôtre. Dans le détroit, nous sommes donc restés à l’extérieur des couloirs maritime entre les rails et la côte.

Le soleil était de la partie, pour une fois le vent était d’est, il nous poussait, bien qu’il soit trop faible pour que nous l’utilisions seul, nous avons donc fait moteur et grand voile.

Quand sur notre compas nous avons relevé la pointe de Tarifa exactement au nord, j’ai débouché une bouteille de Champagne nous avions trois choses à fêter. Le passage le plus au sud de notre voyage, nous entamions donc notre retour. Le passage de la Méditerranée à l’atlantique et la Saint YVES. En marins prudents nous n’avons pris qu’un verre chacun, le reste finissant au frigo avec une petite cuillère dans le goulot.

Aussitôt passé le détroit, le temps a changé, nous n’avions pas vus de nuages en méditerranée, dès les premiers miles en atlantique le temps s’est couvert et nous avons vite changé les bermudas pour les jeans. Les informations météo que nous avions n’étaient pas très bonnes, les événements nous le confirmeront. Nous avons ainsi navigué plein ouest au cap 270 pendant toute la journée du samedi, la nuit suivante et toute la journée du lendemain dimanche. Ce n’est qu’a une heure du matin que nous ferons cap au Zéro, c’est à dire plein Nord. Pour remonter le long de la côte portugaise, il faut déjà franchir le cap de Sao Vicenté qui est la pointe la plus sud-ouest de la péninsule ibérique. Nous sommes allés chercher ce cap très au large, après quelques échanges verbaux entre les équipiers. L’autre solution consistait à longer les cailloux pour contourner le cap au plus près. Les arguments qui nous ont fait choisir la solution haute mer ont étés les suivants. La mer était devenue très grosse au fil des heures et nous craignions que les vagues qui étaient déjà impressionnantes, ne soient encore plus dangereuses soulevées par les hauts fonds de la côte. Et puis toujours les mêmes règles de circulation pour les navires de commerce, le temps c’est de l’argent, les miles en plus c’est du gasoil consommé, les bateaux de commerce coupent donc au plus prêt de ce cap, moins gênés que nous par de conditions de mer plus défavorables sur les hauts fonds.

Dimanche vers 21 heures Rodolphe met sur le livre de bord « vagues de 6 mètres », à 22 heures il écrit « on se fait branler ».

Pour ma première expérience de la haute mer c’est une réussite. C’est beau et impressionnant, devant nous un mur d’eau, le bateau grimpe, on se demande si le moteur va réussir à gravir la pente. Ensuite soit le haut de la vague est un peu plat, alors le bateau à le temps de reprendre son assise pour redescendre le toboggan de l’autre côté, soit le haut de la vague est moins  portant et le bateau tombe dans un grand bruit qui résonne dans la coque, au fond du trou. Et tout cela recommence pendant des heures, parfois en pire quand les vagues viennent trop de face ou trop de coté. Les vagues moyennes étaient de 4 à 5 mètres comme le prévoyait la météo, de temps en temps, une plus grosse, histoire que l’on ne s’habitue pas.

La vie à bord est toujours rythmée par les quarts toutes les trois heures. Dans le cockpit, attaché a un point fixe avec un harnais, regardant régulièrement l‘écran du radar pour détecter les bateaux et leur trajectoire. Passant la tête par dessus le rouf de protection pour contrôler qu’il n’y ait rien devant, ou pour voir le bateau détecté par le radar. Baissant la tête le plus vite possible pour éviter les paquets de mer. On est mouillé et il fait froid. Le pied !!

Publié dans récit du voyage

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